mardi 11 février 2025

L’intelligence artificielle est-elle un risque ou une opportunité ?




Aujourd’hui on parle beaucoup d’intelligence artificielle (IA) et de son influence sur la vie des gens qui travaillent, des enfants, des familles, de la communication, de l’économie. Alors j’ai voulu savoir ce qu’il en était vraiment. Pour ce faire, plongeons du macro vers le micro, encore plus près de la réalité, Et qu’y voyons-nous ?

Ce sont maintenant les emplois qualifiés qui sont en danger

On aperçoit dans la rue, quelqu’un qui va travailler, un ouvrier ou bien un employé de base alors qu’en est-il de son destin ? Celui-ci semble déjà bouclé. L’automatisation depuis des années 80 a rendu les tâches répétitives et peu qualifiées, inutiles pour l’humain. Ces personnes ont été licenciés. On nous a expliqué que la seule solution était pour elles de se réorienter, ce qu’elles ont fait pendant 25 ans. Mais aujourd’hui en regardant de plus près, on s’aperçoit que ce sont les métiers dit de diagnostic, c’est-à-dire où la personne doit faire une analyse et prendre une décision, qui vont rapidement être remplacés par de l’intelligence artificielle. Pourtant, ces emplois sont très qualifiés. Il s’agit des enseignants, des journalistes, des médecins, des architectes, mais aussi de nouveaux métiers comme les gérants de contenu sur Internet. Ceux-ci devront eux aussi se réadapter. Or, à la différence de la robotisation, le développement de l’intelligence artificielle se fait très rapidement. En presque cinq ans, il se pourrait bien que tous ces emplois disparaissent. Alors quelles seraient les conséquences pour l’économie ? Une crise de la consommation de la classe moyenne et un regain important du chômage ?

Quelles seraient les conséquences d’un désapprentissage ?

On dit souvent qu’il n’y a pas à s’inquiéter, que ceci ne concernera que les jeunes générations. Déplaçons donc notre zoom vers elles. Là aussi, il semble que l’intelligence artificielle aura une grande influence. Ainsi, avec elle se développera le désapprentissage. Dès maintenant, on constate que les élèves ayant ingurgité beaucoup plus d’informations qu’auparavant, ne retiennent ce que ce qui est important et éliminent quantité de connaissances. On n’apprend plus par cœur. D’ailleurs, il est fort probable que si vous demandiez à quelqu’un qui a étudié il y a 40 ans, quels sont les rois de France, il vous les citerait entièrement. Ceci n’aurait pas de sens pour un élève de la génération actuelle. Pourtant, pour comprendre, il est nécessaire de répéter. Comme lorsqu’on apprend à jouer d’un instrument, il faut répéter pour que les connexions synaptiques se fassent et s’habituent. Une utilisation généralisée de l’intelligence artificielle pourrait diminuer leurs facultés à prendre des décisions autonomes, à résoudre des problèmes de manière créative et renforcer les inégalités sociales. Les élèves issus de milieux défavorisés auront peut-être moins accès à des outils d’IA sophistiqués, ce qui crée un déséquilibre dans l’apprentissage. En outre, l’intelligence artificielle étant basée sur des bases de données, rien ne permet d’affirmer que celles-ci ne seront pas orientées pour favoriser l’apparition de certains clients comme le sont actuellement les moteurs de recherche. Au vu des conditions de vie des parents, il se pourrait bien que l’écart augmente entre les élèves qui savent réfléchir et utiliser parfaitement l’intelligence artificielle et ceux qui ne savent pas.

Que va devenir l’information

Justement, parlons de la communication. Si l’utilisation de l’intelligence artificielle pourrait appauvrir l’orthographe, créant une nouvelle langue plus simple, il pourrait bien en être de même pour l’information. En effet, les études montrent que lorsque Internet est apparu, si les internautes aimaient au début surfer sur beaucoup de pages, à la longue, ils ne visitaient plus que huit sites régulièrement. Nous allons vers une concentration de l’information. Avec l’intelligence artificielle, le métier de journaliste risque d’être complètement bouleversé. C’est elle qui écrira de plus en plus les articles, ce qui coûtera bien moins cher aux rédactions. Déjà, nombres d’entre eux sont artificiellement structurés de façon à obliger le lecteur à voir le maximum de publicités et souvent la réponse à la problématique du titre n’apparaît qu’aux trois quarts de l’article. De plus, des réseaux sociaux comme X (twitter) deviennent de plus en plus agences de presse. Avec le besoin d’alimenter chaque seconde les chaînes d’informations, on cherche à renforcer le coté sensationnel de certains sujets, ce que l’intelligence artificielle sait remarquablement faire et on biaise l’importance qu’ils ont réellement dans l’actualité. Entre la sécurité et le people, on a vite fait d’alimenter l’argumentaire des partis populistes.

Est-ce que cela pourrait favoriser le populisme ?

Entendons-nous bien. Ce n’est pas l’intelligence artificielle qui est ici en cause, un instrument génial au service du brainstorming mais l’utilisation que l’on en fait. En effet, il y a d’un côté risque de chômage accru d’une nouvelle couche de population, celle des métiers qualifiés, un désapprentissage des futures générations de cadres et de l’autre, une possibilité de diffuser de la désinformation et renforcer les opinions extrêmes. Face à des changements si rapides, deux franges de la population pourraient bientôt s’éloigner inexorablement l’une de l’autre jusqu’à une crise profonde. Il y a celle qui a les moyens de savoir et celle qui subit la communication, devenant dépendante d’un téléphone portable utilisé pour chaque besoin de la vie quotidienne. Celle-ci, en général, a besoin de solutions simples, et ne réfutant pas les hypothèses simplistes, a toutes les raisons de se tourner de plus en plus vers le populisme. C’est d’ailleurs ce que nous constatons dans nombreux de pays actuellement. Le populisme remonte comme une vague, tout comme il a sévit dans les années 30 dans un contexte de crise. L’autre frange bénéficiant de l’intelligence artificielle, ne croyant plus en rien, qu’à ses propres intérêts, même si elle se dit de plus sensible à l’environnement, ne voudra plus payer pour ceux qui ne le peuvent pas et favorisera l’émergence de nouveaux marchés des mutuelles au détriment de la sécurité sociale. De même, n’accordant plus d’importance à la « carrière » et n’hésitant pas à démissionner pour chercher un autre emploi qui lui convient mieux, cette tranche de la population pourra de moins en moins vouloir soutenir une assurance chômage. Il est également fort probable que pour beaucoup d’entreprises, l’intelligence artificielle sera utilisée pour maximiser les profits sans considération pour le bien-être social. Face à des exigences de plus en plus grandes des marchés financiers concernant les taux de profits à court terme, il pourrait difficilement en être autrement. En fait, l’intérêt à court terme ne risque-t-il pas de nuire à l’intérêt de long terme ?

Comment pouvons-nous sauver notre société ?

Alors, favorisée par le développement de l’intelligence artificielle, va-t-on inexorablement vers une mouvance populiste qui se satisferait d’un monde ultra libéral ? Pourtant, ces deux principes semblent contradictoires car le populisme rejette le libre échange au profit du nationalisme. Le monde est moins menacé par ceux qui font le mal que par ceux qui le tolèrent disait Einstein. Il est facile dans ces conditions d’imaginer un monde où avec d’une part les changements climatiques et d’autre part, la volonté de déplacer la production où c’est le moins cher, les inégalités entre pays augmentent et avec elle l’émigration puis les conflits régionaux. Alors comment pouvons-nous nous sauver ? Rappelons que si l’humanité en vient à disparaître en partie à cause de la guerre ou des pandémies, notre planète, elle, ne s’en soucie guère et continuera de s’adapter comme elle l’a fait depuis 4,5 milliards d’années. La réponse se trouve peut-être dans cette question : Qu’est-ce qui pourrait inciter les français à se lever le matin et au lieu de se demander ce que le pays peut faire pour eux, qu’est-ce qui pourrait les inciter à se demander ce qu’ils peuvent faire pour leur pays ?